17.4.07

Sans eau, pas de vie - 2e témoignage de Lyn Voegele (ATJ au Niger)

Ce slogan ne s’applique qu’à moitié au Niger, où des centaines de milliers de personnes vivent quasiment sans eau ou au mieux avec 2 ou 3 seaux d’eau boueuse par jour pour boire, cuisiner et faire la lessive pour toute la famille. Pour un pays qui et pour les 2/3 de sa superficie entièrement désertique, avec seulement une bande étroite de terres fertiles le long du fleuve, le Niger souffre, en plus d’une répartition inégale en eau, d’un manque cruel et d’une très mauvaise qualité en eau, due à la profondeur des nappes et aux difficultés pour les populations pour l’atteindre.

A toute heure de la journée, comme surgies de nulle part, on distingue de fines silhouettes parcourir inlassablement le même chemin dans la brousse aride jusqu’au point d’eau le plus proche, parfois éloigné de plusieurs kilomètres. C’est une des nombreuses corvée qui incombe aux femmes dans les villages, et qui réduit un peu plus leur quotidien à une multitude de tâches ménagères à exécuter pour simplement survivre. Remédier au manque d’eau potable est devenu un des chevaux de bataille d’une grande partie des ONG et projets présents au Niger, notamment dans le contexte actuel de la décennie internationale de l’eau (2005-20015).

La coopération luxembourgeoise contribue activement à ce noble but en menant régulièrement des campagnes hydrauliques de construction de points d’eau moderne dans ses zones d’intervention.
Ce qu’on dénomme assez chastement point d’eau moderne, se décline en une multitude de moyens divers d’accès à l’eau potable. Cela va du simple puits cimenté, en passant par le forage, jusqu’au château d’eau qui, grâce à ses bornes fontaines alimente plusieurs quartiers du village.

un puits cimenté


Je me souviendrais toujours lorsque, au cours d’une de mes premières tournées en brousse, au détour d’une case, j’ai vu se dresser fièrement un de ces château d’eau, entouré de sa panoplie de panneaux solaires qui scintillaient au soleil et m’aveuglaient.
Après ce premier effet surprise, une drôle de sensation d’anachronisme vous envahit, et vous ne savez pas si vous devez trouver ce mastodonte grotesque, ou bien applaudir ce qu’on appelle communément aujourd’hui le progrès.

Pourtant, une année plus tard, et déjà confrontée maintes et maintes fois à la problématique de l’eau au Niger, je ne sais toujours pas sur quel pied danser. D’un côté, on aimerait tant alléger les tâches des femmes, et que l’eau coule du robinet pour l’ensemble des habitants d’un village, mais d’un autre côté, on ne veut pas non plus découvrir, gisant par ci par là, d’ici quelques années, les vestiges de panneaux solaires et autres morceaux de pompes rouillés, faute d’entretien et de pièces de rechange disponibles.

Certes, malgré tous les gardes fous dont on peut s’entourer, le risque de la non appropriation de la part de la population, ou de l’absence d’entretien de ces fragiles infrastructures, guette autant les projets et programmes de coopération que les populations bénéficiaires elles mêmes.
Néanmoins ces obstacles et difficultés sont identifiés et connus de tous depuis longtemps. Une des clefs du succès se trouve très certainement dans le renforcement de capacités des populations bénéficiaires en matière de gestion, maintenance et entretien de ces infrastructures, ainsi que la responsabilisation des collectivités territoriales nouvellement issues du processus de décentralisation qu’a connu le Niger récemment.
Malheureusement, la prise en compte de cet aspect ne semble pas toujours constituer une priorité pour les ONG, les projets et programmes de développement qui s’enchaînent et se succèdent, et qui ne laissent comme unique trace de leur court passage qu’une infrastructure, à la technologie fragile, aux mains des populations.

C’est la raison pour laquelle le projet NIG/015 « Appui au développement territorial dans le département de Dosso », mis en œuvre par l’agence d’exécution Lux-Development, compte au nombre de ses composantes un volet infrastructures, ainsi qu’un volet gestion et pérennité de ces mêmes investissements, qui cherche à allier l’accès et le renforcement des infrastructures socio économiques, ainsi que les dispositifs de gestion locale, communale et supra communale.
De par cette dynamique de développement territorial qu’il essaye de mettre en place, le projet contribue non seulement au développement des infrastructures de sa zone d’intervention, mais aussi à leur pérennisation, en sensibilisant les populations bénéficiaires et élus locaux, afin qu’ils renforcent les comités de gestion de l’eau, et prévoient des fonds en cas de réparations à effectuer.

C’est un défi, doublé d’un travail de longue haleine, que le projet se propose de relever, et dont la pertinence et la nécessité ne font aujourd’hui aucun doute. Pour que l’eau, source de vie redevienne une réalité au Niger.

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